Olivier Rouiller

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Depuis la troisième vague des TCC, la pleine conscience a été largement adoptée comme un des outils pour la psychothérapie (Segal et al. 2018). On a pu montrer que la pratique de la pleine conscience ou Mindfulness avait des effets positifs sur la régulation émotionnelle, et en TCC, ces outils sont utilisés pour permettre aux patients de prendre du recul par rapport à leur expérience, de nommer leurs émotions, d'accepter l'inconfort et de reconnaître leurs pensées comme ce qu'elles sont : des pensées et non des réalités.

Cependant je voudrais mettre en avant que ces apports, certes importants ne sont qu'une partie de ce que peut apporter la pleine conscience à la psychothérapie.

Dans les psychothérapies en pleine conscience, on n'utilise pas la mindfulness comme outil de gestion du stress que les patients peuvent apprendre et utiliser eux-mêmes, mais on procède à la psychothérapie même dans un état de pleine conscience.

Cette pleine conscience "à deux" fut entrevue par Freud dans l'association libre (Freud 1895). En associant les idées librement et en remarquant simplement ce qui survient, pensées, émotions, etc., on pratique en effet la mindfulness.

Qui plus est l'apport de la présence du thérapeute permet de donner plus de capacité au patient d'être en contact avec son expérience. Le thérapeute opérant comme le caregiver qui aide l'enfant à réguler ses émotions. Autrement dit, le thérapeute en pleine conscience remplit une fonction de contenance qui aide le patient à développer sa propre capacité à contenir son expérience (Bion 1991).

Cette approche de la thérapie, notamment proposée par Hakomi (Kurtz 2015), Daniel Siegel (Siegel 2007), permet l'étude de l'appareil psycho-corporel comme Freud en aurait peut être rêvé, non dans l'analyse après coup mais dans l'instant présent incarné. Cela donne aussi accès à des états modifiés de conscience et une neuroplasticité qui permet une transformation rapide du matériel inconscient, des schémas limitants et des working models d'attachement (Rhonda 2020). J'ai pu dans ma pratique de la thérapie Hakomi observer la résolution de tendances relationnelles en une session chez un client qui avait de très bonnes bases et il y a des rapports de transformations similaires dans Hakomi. Je reste convaincu cependant que de nombreux problèmes nécessitent une prise en charge longue dans ces thérapies, aussi efficaces peuvent-elles paraître.

Bibliographie

Bion, W. R. (1991). Learning from experience (Eighth printing). Karnac.

Freud, S., & Breuer, J. (1895/1956). Études sur l’hystérie (J. Laplanche, Trad.). Presses Universitaires de France.

Kurtz, R. (2015). Body-Centered Psychotherapy : The Hakomi Method. LifeRhythm.

Rhonda Mattern. (2020). The Brain’s Requirements for Spontaneous Transformation : Lessons Learned from Coherence Therapy and Memory Reconsolidation Research. Hakomi Institute.

Segal, Z. V., Williams, J. M. G., Teasdale, J. D., & Kabat-Zinn, J. (2018). Mindfulness-based cognitive therapy for depression (Second edition, paperback edition). The Guilford Press.

Siegel, D. J. (2007). The Mindful Brain. W. W. Norton & Company, Incorporated.