Olivier Rouiller

Mon intérêt actuel en psychothérapie est nourri par les approches psychanalytiques et psychodynamiques avec pour influence la psychanalyse française et des formulations américaines récentes.

Ces approches ont selon moi mis en lumière des aspects centraux pour la guérison, premièrement la notion d'inconscient affectif, d'abord mise en avant par Freud puis reprise dans des contextes plus modernes.

La psychanalyse a donné lieu à la théorie de l'attachement de Bowlby (Bowlby 2008) qui a montré l'importance de la qualité du lien dans les premières années de la vie pour la mise en place des Inner Working Models, un autre modèle de l'inconscient.

Je suis aussi particulièrement intéressé par les apports modernes faits par Allan Schore (Schore 2019), psychanalyste américain qui explique l'inconscient affectif relationnel comme une manière d'être avec l'autre qui est implicite, non-verbale (Lyons‐Ruth 1999), et donc inconsciente, et dont on peut observer les substrats neuronaux s'activer dans la relation (Dumas 2011). On retrouve une idée proche dans la psychanalyse Française, notamment chez Marie Dessons qui nous invite à être à l'écoute du subtil (Dessons & Mazéas, 2024) lorsque l'on est en contact avec du matériel archaïque.

Un autre apport fondamental de l'œuvre freudienne est la notion de transfert (Freud 1912), où ces modèles implicites et inconscients se jouent dans la relation dyadique patient-thérapeute, offrant ainsi la possibilité d'une expérience corrective menant à une nouvelle manière d'être avec l'autre et l'émergence du moi ou Self.

Enfin, Freud a apporté ses descriptions d'organisations psychiques, névrotiques, narcissiques, psychotiques, etc. (Bergeret 2021) qui sont selon moi incontournables quand on travaille avec un patient en psychothérapie. Combien la personne en face de nous a-t-elle accès à un moi solide ?

Selon moi, les concepts d'inconscient, de modèles d'attachement, de transfert et de structures psychiques sont des concepts fondamentaux pour aborder une psychothérapie qui sera adaptée à la personne que l'on rencontre, et il est important pour un thérapeute de s'entraîner à reconnaître ces phénomènes et structures, et ce non seulement dans le discours, mais aussi et surtout dans l'implicite et le non-verbal, avec notre *right brain* comme nous suggère Allan Schore.

Bibliographie

Bergeret, J. (2021). La personnalité normale et pathologique : Les structures mentales, le caractère, les symptômes. Dunod.

Bowlby, J. (2008). Attachment : Second Edition. Basic Books.

Dessons, M., & Mazéas, D. (2024). À l’écoute du subtil : Clinique des états archaïques de la psyché. les Éd. d’Ithaque.

Dumas, G. (2011). Towards a two-body neuroscience. Communicative & Integrative Biology, 4(3), 349‑352.

Freud, S. (1912/1954). La dynamique du transfert (M. Bonaparte & A. Berman, Trad.). Presses Universitaires de France.

Lyons‐Ruth, K. (1999). The two‐person unconscious : Intersubjective dialogue, enactive relational representation, and the emergence of new forms of relational organization. Psychoanalytic Inquiry, 19(4), 576‑617.

Schore, A. N. (2019). Right Brain Psychotherapy (Norton Series on Interpersonal Neurobiology). W. W. Norton & Company, Incorporated.